Maude Maris Des rendus réalistes indéniablement abstraits

Publié le vendredi 18 juin 2021

Il suffit d’égrener les marchés aux puces ou les antiquaires pour découvrir la genèse de l’œuvre de Maude Maris. C’est là qu’elle déniche des trésors -coquillages, figurines animalières, babioles éclectiques- qu’elle prend ensuite soin de mouler en plâtre, de teinter d’encres multicolores, prétextes à des com- positions tridimensionnelles. L’artiste va ainsi manipuler ces petits objets au gré de son inspiration, les faire tourner afin d’en inverser le sens, s’amuser de leurs reflets jusqu’à ce qu’ils deviennent presque méconnaissables. Puis, elle prend une photo. C’est à partir de cette image recréée que Maude Maris peut commencer à peindre.

Big Jerry, huile sur toile 190 x130 Courtesy Pi artworks
Big Jerry, huile sur toile, 190 x 130 cm. Courtesy PI Artworks

Une fois achevées, ses œuvres laissent une sensation de désorientation, intense mais savoureuse. Cela vient sans doute du fait qu’elle utilise un style hyper-réaliste pour dépeindre des sujets méconnaissables. Ses représentations magistrales des reflets, de la profondeur, du volume et de la texture, impressionnent un spectateur qui demeure souvent perplexe quant à ce qu’il regarde. Des fossiles ? Des pierres ? Des ruines architecturales ? Des parties du corps ? Bien qu’il soit conscient que les peintures de Maude Maris éclairent l’étape finale d’une métamorphose physique et conceptuelle, Il ne peut que juger ses rendus réalistes indéniablement abstraits. Toutefois, afin de réconcilier ce mélange atypique de figuration et d’abstraction, une combinaison s’impose : l’interprétation narrative associée à l’analyse formelle.

Sleeping, huile sur toile, 160 x 220 cm. Courtesy Praz Delavallade, Paris-Los Angeles

L’œuvre la plus récente de Maude Maris est haptique. On y décèle une inflexion nouvelle et notable marquée par des empâtements roses, rouges et pêche évoquant la viande crue. Sans faire référence implicitement au corps, Maris suit une tradition picturale qui pousse le médium, au-delà de la mimesis, vers une réalité viscérale.

Mara Hoberman

Née en 1980, Maude Maris est représentée par la Galerie Praz-Delavallade à Paris et Los Angeles, et la galerie Pi Artworks à Londres et Istanbul.

Elle travaille à Paris et expose régulièrement en France (40 mcube à Rennes, Centre d’Art Chapelle Jeanne d’Arc à Thouars, MAMC de Saint-Etienne...) et à l’étranger (New- York, Londres, Rome, Düsseldorf, Istanbul). Ses œuvres sont présentes dans les collections des Frac Auvergne, Basse-Normandie, Haute-Normandie et du Musée des Beaux-arts de rennes.

En 2010, elle a effectué un post-diplôme à la Kunstakademie de Düsseldorf durant lequel elle a collaboré avec des architectes. En 2012 elle a remporté le Prix de peinture de Novembre à Vitry et en 2015, elle a été finaliste pour le Prix Jean-François Prat.

Deux femmes, huile sur toile, 160 x 130 cm. Courtsey Praz-Delavallade, Paris-Los Angeles