Eva Nielsen Territoires en mutation

Publié le vendredi 18 juin 2021

L’œuvre d’Eva Nielsen est constamment à la lisière de quelque chose : au seuil du territoire, de son centre et de sa périphérie, de l’image imprimée et de la peinture, de l’abstraction et de la figuration. D’un horizon à l’autre, du format au sujet, le paysage prédomine depuis plusieurs années dans ses peintures et ses dessins. Inspiré à la fois des architectures et de ses vestiges tant modernistes qu’utopistes, son regard se pose sur ce qui semble être « hors de vue » car les lieux qu’elle retranscrit n’apparaissent qu’entre les interstices d’une nature abandonnée et les sites industriels. Telle une topographe, une observatrice ou une nomade, Eva Nielsen expérimente ces territoires en mutation, tant par leur étendue que par leur exploitation...

The Cabin, huile, acrylique et encre de sérigraphie sur toile, 190 x140 cm. Courtesy the artist and Jousse Entreprise et The Pill galleries

Tel un enregistrement des traces de la civilisation post-industrielle, sa peinture analyse la décomposition naturelle de toute édification humaine en s’intéressant aux dimensions politiques du paysage afin de dépasser la conception classique du paysage occidental comme « simple décor »...

Chaque paysage est imprégné de formes et de strates qui ré-interrogent les ruptures, les persistances, les effondrements des systèmes socio-écologiques....

Entre palimpseste pictural et stratifications géologiques, la peinture d’Eva Nielsen prélève et creuse l’histoire de ces paysages, telle une « accumulation de couches superposées par les usages humains sur la face de la terre » selon les termes du géographe et historien du paysage américain John B.Jackson.

Extraits de « Odyssées suburbaines
ou la peinture sédimentée » par Marianne Derrien

Filin, huile, acrylique et encre de sérigraphie sur toile. 60 x 80 cm. Courtesy the artist and Jousse Entreprise et The Pill galleries

Née en 1983, Eva Nielsen vit et travaille à Paris. Après une maîtrise d’Histoire et de Lettres Modernes, elle est diplômée en 2009 des Beaux Arts de Paris.

Lauréate en 2008 d’une bourse Socrate qui lui permet d’étudier à Central Saint Martins à Londres, elle remporte le Prix des Amis des Beaux-Arts/Thaddaeus Ropac (2009), le Prix Art Collector (2014), le Grand Prix de la Tapisserie d’Aubusson (2017), et a participé depuis à plusieurs expositions collectives en France et à l’étranger : MAC/VAL, MMO- MA (Moscou), CCCOD (Tours), Musée de Rochechouart, Plataforma Revolver (Lisbonne), LACE (Los Angeles), Babel Art Space (Trondheim), Kunsthal Charlottenborg (Copenhague), Plymouth University...

Son travail a été également présenté lors d’expositions monographiques, à Paris (Galerie Jousse Entreprise), Istanbul (The Pill), Tunis et Londres (Selma Feriani) et fait partie de plusieurs collections publiques et privées (Mac/Val, FMAC, Musée de Rochechouart, CNAP). Elle est la lauréate 2021 de la résidence LVMH Arts&Métiers.

Aklat, technique mixe sur toile, 41 x 58 cm. Courtesy the artist and Jousse Entreprise et The Pill galleries