En 2014, HYam créait le Prix de la Jeune Scène artistique méditerranéenne en partenariat avec la Fondation Jean-Luc Lagardère : ce prix récompensait une jeune artiste grecque, Maria Tsagkari, choisie par un jury international parmi les quatre finalistes dont le travail éclairait la diversité de la jeune scène gréco-chypriote tant du point de vue esthétique qu’idéologique, avec comme fil conducteur, le passé pour seul avenir.
HYam, qui a depuis lors étoffé sa structure notamment avec l’ouverture d’une filiale en Grèce nécessaire pour la réalisation des projets in-situ à Hydra, met en place le second volet de son projet de soutien aux jeunes artistes de la scène méditerranéenne : l’exposition des travaux des quatre artistes finalistes – Rania Bellou, Marianna Christofides, Maria Tsagkari, la lauréate, et Athanasios Zagorisios -.
Intitulée « erotimatiko», l’exposition aura lieu du 8 au 17 janvier 2016. Ouverte à tous les publics grâce à l’accompagnement de médiatrices spécialisées, elle sera enrichie par l’édition d’un catalogue bilingue spécialement conçu pour l’occasion.
En accueillant cette exposition, François Tajan, président délégué de la maison de ventes Artcurial et membre du premier jury, renouvelle ainsi sa confiance et son soutien au projet HYam.
Cet été, l’exposition va voyager : elle sera présentée sur l’île d’ Hydra en parallèle à l’installation de Maria Tsagkari, la lauréate – troisième volet du projet HYam- dans l’espace public de l’île.
par Pauline Simons
ερωτηματικο ; erotimatiko ?
Dans la langue grecque, le point d’interrogation -erotimatiko- est figuré par notre point virgule. Ce signe de ponctuation peut donc évoquer à la fois ce questionnement qui émaille aujourd’hui le pays des dieux et plus largement la mise en parallèle d’une situation transitoire où :
« ce qui est ancien est en train de mourir et ce qui est nouveau ne peut pas naître » (Antonio Gramsci).
En présentant à Paris les travaux (dessins, vidéos, installations) de quatre jeunes artistes gréco-chypriotes, finalistes de la première édition du prix de la jeune scène artistique méditerranéenne, l’association HYam souhaite ainsi mettre en lumière différentes visions esthétiques de ces interrègnes qui stigmatisent non seulement la Grèce et Chypre mais aussi tout le bassin méditerranéen. Les conséquences d’une crise économique qui s’étire filtrent lentement, insidieusement mais âprement. En mêlant sur le papier différents morceaux de vie – dont la sienne – dans différents espaces-temps, Rania Bellou évoque le passage nécessaire de la sphère intime à la sphère publique; dans son film vidéo Days In Between, Marianna Christofides souligne la réalité de ces paysages d’entre-deux, de ces frontières à l’est indéfinies et oubliées et de fait mouvantes ; en imposant The Blue as The New Green, Maria Tsagkari, rappelle la quête de « l’ impossible rêve » et aussi comme l’évoquait Victor Hugo, la valeur des chimères. L’oeuvre d’Athanasios Zagorisios n’est-elle pas une tentative esthétique de questionner à travers l’expérience scientifique ce sentiment d’ éphémère qui se fait encore plus prégnant en ces temps difficiles ?
Maria TSAGKARI, lauréate
Maria Tsagkari qui avait ciselé des jardins-installations de cendres, tissé des tapis éphémères aux sinuosités végétales, dessiné des labyrinthes sur un aluminium glacé, poursuit ses recherches sur la symbolique et la possible transformation de l’espace vert. The Blue as The New Green… Et si une société scientifique était un jour capable de transformer l’ADN des plantes corrigeant ainsi la vision de la nature et plus largement la perception du monde… Dans ses derniers projets qu’il s’agisse d’une oeuvre pérenne pour l’espace public d’Hydra – troisième volet du projet Hyam – ou de la composition d’un jardin suspendu, Maria Tsagkari s’attache au mythe de cette fleur bleue qui hantait déjà les héros romantiques. Heinrich von Ofterdingen, protagoniste du roman inachevé de Novalis ne passait-il ses journées à la chercher ? Emblème de la poésie pure, de l’unité intérieure, d’un infini inaccessible et aussi d’une passion inassouvie, Maria Tsagkari l’impose dans chacune de ses oeuvres comme pour mieux signifier une réalité moderne qui, face aux diktats de tout ordre, oscille entre la foi dans l’impossible et la croyance dans l’irrationnel.
Rania BELLOU
Rania Bellou réinvente des morceaux de vie, inonde les blancs. En glanant ça et là des archives ou en fouillant dans des journaux intimes trouvés par hasard – le dernier témoigne des écrits, pensées, réflexions du poète grec Panos Stanis, actif dans les années 50 – ou ailleurs, l’artiste trouve de formidables accroches pour amorcer une nouvelle histoire. Fidèle à une technique où elle mêle la précision réaliste du trait noir à l’évanescence d’un gris flouté ou à la transparence d’un papier japonais, Rania Bellou s’inspire d’une intrusion, d’une forme de voyeurisme pour nourrir son récit et lui permettre de créer une fiction où elle glissera aussi sa propre histoire. On passe ainsi, furtivement, de la sphère privée à la sphère publique, du particulier au général. En tournant les pages de son livre d’artiste où chacun des 100 dessins au crayon ne peut exister que l’un par rapport à l’autre, on saisit aussi la singularité des histoires qui se font et se défont dans un espace temps laissé au bon vouloir de l’artiste. Ici, réalité et fiction s’entremêlent à l’envi laissant au spectateur le soin de réécrire sa propre histoire.
Marianna CHRISTOFIDES
In the Balkans a new country begins beyond every river… it comes from a country were the borders have been drawn with a giant ruler through vast grain-billowing fields… ponctue en arrière-plan la voix de Days In Between, dernier film de Marianna Christofides. Suite à un incident technique, l’artiste, caméra à l’épaule, a du parcourir une nouvelle fois, les Balkans et ces paysages d’entre-deux bordés d’eau, là où les frontières sont mal définies et mouvantes. Tous ses repères, avaient, comme par enchantement, disparu soulignant ainsi le désarroi de ces lieux oubliés sans cesse à reconsidérer et à réinventer. En relevant ces phénomènes de mutation de manière à la fois poétique et distanciée, elle laisse au temps cette flexibilité que nos sociétés occidentales ont corseté. Dans ces lieux de solitude où, comme dans les films de Tarkovsky, l’eau, cet « élément de l’intermédiaire » est omniprésente, il faut imaginer Sisyphe heureux… C’est avec ces mots d’Albert Camus que le film s’achève.
Athanasios ZAGORISIOS
Athanasios Zagorisios met en exergue l’esthétique de certains phénomènes naturels et décrypte ainsi les arcanes de la science. Que savons-nous des différents stades du « processus de sublimation » (passage de l’état solide à l’état gazeux) du Cyclododecane ? Cette variété d’hydrocarbure employée dans la restauration et la consolidation a une vitesse de sublimation qui varie – de manière sublime – selon les variations de température, de volume et de pression.
Nul n’ignore que l’air chaud est plus léger que l’air froid… Son réchauffement par une simple ampoule posée au sol, met en oeuvre un cycle de dilatation invisible à l’oeil nu qui peut faire danser un fil de soie… Parfois, l’artiste interpelle l’imaginaire de manière frontale et sensorielle. Imaginez un morceau de textile parfumé dont la fragrance ne sera perceptible qu’en s’en approchant. L’artiste a choisi la sphère olfactive pour poser une question d’ordre proustien : quelle peut être la forme d’un élément que l’on peut pas voir et de quelle manière peut-on s’en souvenir ?
Contact Presse Prix de la jeune scène artistique méditerranéenne
Agence L’art en plus 11 rue du Bouquet de Longchamp, 75116 Paris 01 45 53 62 74
Virginie Burnet Tél : +33 (0)6 87 77 75 54 v.burnet@lartenplus.com
Olivia de Smedt Tél : +33 (0)6 09 72 59 43 o.desmedt@lartenplus.com
ARTCURIAL 7, Rond – Point des Champs – Elysées 75008 Paris. Exposition du 8 au 17 janvier 2016. Du lundi au vendredi de 11 h à 19 h, samedi de 11 h à 18 h, dimanche de 14 h à 18 h. Vernissage le jeudi 7 janvier de 18 h à 21 h sur invitation.