Première carte blanche : Témoin de Nicolas Tourte, entre mythes et réalité

Publié le samedi 27 avril 2019

 La première carte blanche est confiée à Nicolas Tourte : son oeuvre sera installée sur la place Makariou au coeur du village, du 15 juillet au 15 septembre participant ainsi à une saison estivale 2019 riche en événements artistiques.

Courtesy Nicolas Tourte et la Galerie Laure Roynette
Témoin, vidéo installation, 2019, Nicolas Tourte. Courtesy Nicolas Tourte.

 Le titre « Témoin » qui peut évoquer de multiples constats, s’apparente ici à des accords illusoires que l’artiste, familier de l’oxymore, se plaît à ourdir. D’aucuns se souviennent peutêtre de « Passage », l’une de ses installations vidéo qui montrait un livre ouvert balayé en boucle par le ressac. Seule la combinaison des deux éléments donnait à l’oeuvre et à l’ouvrage un caractère biblique, sacré et historique. Le travail de Nicolas Tourte est chimérique sans être déroutant, poétique sans être irréaliste. Toutefois, l’artiste se plaît - et c’est presque une règle - à altérer les perceptions, à fragiliser les équilibres, à distiller une ambiguïté afin de créer des oeuvres duelles d’autant plus circéennes qu’elles sont belles à regarder. Dans la nuit hydriote, les passants attirés par une étrange clarté auront-ils plaisir à s’attarder sur ce vieux ponton cerné par une eau imaginaire où se reflète un ciel diurne ? Entre rêve éveillé et vérité mensongère, le leurre posé par l’artiste semble être une nouvelle invitation, geste romantique, à prendre du recul ou de la hauteur.

Courtesy Nicolas Tourte.

Au contraire, sous un soleil de plomb, cette voie d’accélération, ce passage marin renoue avec les méandres d’une histoire insulaire. Est-ce un vestige rescapé d’une bataille navale, le symbole tangible d’un danger imminent ou d’un délabrement programmé ?  En choisissant de « déplacer » une structure de bord de mer sur une place vide bordée de bigaradiers, l’artiste ouvre les écoutilles : “Je travaille avec peu de moyens mais j’aime entretenir un lien équivoque entre le réel et le virtuel, le vrai et le faux. L’important étant de ne pas tout contrôler afin que chacun puisse y projeter son propre récit. Mon travail sur l’image est issu de l’idée de répétition suite au repérage de processus et de mécanismes invisibles qui régissent nos vies. Je me plais souvent à laisser croire que mes oeuvres sont réalisées à coup de haute technologie alors qu’il n’en est rien”, conclut l’artiste. L’effet est pourtant garanti.

Témoin, 2019, Nicolas Tourte. Courtesy Nicolas Tourte.
© Christophe Loiseau

 

Né en 1977 à Charleville-Mézières, Nicolas Tourte vit à Lille et travaille en tous lieux. Il est représenté par la Galerie Laure Roynette à Paris. Choisi à plusieurs reprises par la maison Hermès (La Tête dans les nuages , 2014, et L’oeil du flâneur en 2015) afin de donner à ses objets cultes un usage tout à fait inattendu il a participé à de nombreuses expositions personnelles en France en particulier dans des musées ou centres d’art : Chapelle de l’Oratoire à Clermont-Ferrand, château d’Hardelot, Musée de la Piscine à Roubaix, à l’ESAM de Caen…En 2018, Nicolas Tourte se positionne à l’étranger par le biais de plusieurs expositions collectives dans des villes aussi éloignées géographiquement que Taipei (Biennale), Barcelone, Beyrouth, Katowice (Pologne), Rome...