Dieu sait qu’il s’en passe des choses en Grèce. Malgré une situation économique toujours difficile. Entre l’excellente Biennale de Thessalonique éclatée dans différents lieux de la ville, à la fois stratégiques et patrimoniaux, le projet gigantesque et éclairé du centre culturel de la Fondation Stravros Niarchos, la prochaine ouverture du nouveau musée d’art contemporain, sis dans l’ancienne brasserie Fix totalement revisitée, l’exposition de la Fondation Deste, « The system of objects » qui, en questionnant les nouveaux principes de consommation via intenet, proposait des faces à faces entre des objets et des œuvres connus et moins connus issus principalement de la collection de son président Dakis Ioannou et aussi la mise en lumière d’une toute jeune artistique grecque à la fois truculente et studieuse, pas de quoi bayer pas aux corneilles. Et les papiers vont tomber.
Texte et photos Pauline Simons
Mais avant cela, juste un petit éclairage sur la scène française. Juste le temps d’un cocorico. Pour la Fondation Onassis à Athènes, Christian Boltanski a imaginé une installation rythmée par des battements de cœur et des chiffres rouges qui défilent (le temps de vie de douze athéniens) et mêle des regards floutés par un souffle léger. Eyes est un prélude aux absences futures et collectives, une sorte de relai aux archives du coeur (on peut ici y enregistrer le sien) conservés dans l’île de Teshima au Japon.
L’excellente Galerie Bernier-Eliades propose quant à elle une mini rétrospective d’Annette Messager dans la quelle on retrouve avec plaisir, « Gants Grimaces » (1990), « Parade » (1994), « Voeux sous filet » (1997), « Le buisson ardent » (2008) ou encore « Le Tutu dansant », une œuvre de cette année. Et enfin voici, le déroulé-photo (je vous l’accorde, c’est beaucoup mieux en vidéo) de Burning of the P.I.G.S de Claire Fontaine, un collectif vivant à Paris représenté par la Galerie Chantal Crousel qui a tiré son nom des fameux cahiers d’écolier. Cette vidéo de 2011 présentée au Pavillon 6 à Thessalonique et choisie par Adelina Von Fürstenberg, curateur de la biennale de Thessalonique et fondatrice de Art For The World illustre la situation de ces pays (Portugal, Italy, Greece, Spain) appelés ironiquement PIGS par les médias économiques, rayés ici de la carte par le feu. Une référence évidente aux états laminés par la crise financière de la zone euro et à des peuples égratignés par des systèmes corrompus. Les artistes n’évoquent-ils pas aussi une métaphore poétique, celle d’un feu purificateur qui carboniserait tout, même la dette !