Panagiotis Tetsis : infatigable hédoniste

Publié le mardi 4 décembre 2018

Panagiotis Tetsis (1925-20016) nous a quitté . Il  y a environ un an,  j’avais écrit un petit texte sur le peintre d’Hydra, à la demande de Laura Wilmotte Koufopandelis, expert en art hellénique chez Piasa, la maison de vente parisienne. Une jeune femme qui fait un excellent travail de mise en lumière à la fois historique et esthétique, tant dans le domaine de la peinture, que celui de la sculpture, de la photo, du bijou et du design grecs.

par Pauline Simons

On l’aime ou on la quitte. L’île d’Hydra qui regarde le Péloponnèse, est une taiseuse qui ne connaît pas la tiédeur. Panagiotis Tetsis est né sur cette perle noire du golfe Saronique, il y a presque quatre-vingt dix ans. Avec ses demeures patriarcales construites à la fin d’un XVIIIème siècle où les armateurs faisaient la pluie et le beau temps, avec ses dédales de pierre, sa colonne vertébrale rugueuse, ses rochers tombant à pic, son silence moyenâgeux, et surtout sa lumière versatile, affolée par les atermoiements saisonniers ou ciselée dans une mer d’huile, Hydra est un roc diablement séduisant -sans pour autant être charmant. Autant de données tatouées dans l’oeil d’un enfant du cru et décisives pour les choix d’un artiste : Panagiotis Tetsis a consacré son existence à soupeser les paysages et les éléments, à les reconsidérer, à guetter leurs humeurs, leur caractère cabré ou apaisé mais immuable.

L’été 2012, le musée historique de l’île dédiait une mini-rétrospective au peintre hydriote. On y redécouvrait alors la permanence d’une relation tissée jour après jour par cet infatigable hédoniste, le pouvoir expressif de ses couleurs, sa course inlassable à la lumière et à ses sortilèges. Avec des compositions tirées au cordeau, -à l’huile ou à l’aquarelle-, Panagiotis Tetsis a su aussi cultiver le sens de la modération dans une île tellurique et circéenne. Déjà dans les années 50, celle qu’Henry Miller comparait à une énorme tranche de pain pétrifiée, séduisait toute l’avant-garde artistique. Aujourd’hui mécènes, collectionneurs, galeristes et artistes continuent à la préférer à beaucoup d’autres. C’est ici qu’un nouveau projet artistique est né. HYam (Hydra for Artists of the Mediterranean) dédié à la jeune scène artistique méditerranéenne s’est nourri de son suc : entre les oeuvres d’un peintre pilier qui aborde la modernité par la tradition et celles d’artistes internationaux qui tissent, chaque été, une autre histoire.