COLLECTION FRANCOIS PINAULT : DES OEUVRES BIEN GARDEES

Publié le mardi 4 décembre 2018

A Triple Tour, la toute première présentation de la collection de François Pinault à Paris pose la question de l’enfermement. Un thème, circonscrit et abordable en résonance avec la Conciergerie, où se tient l’exposition. A suivre en images.

par Pauline Simons

On y entre par une pirouette, vrillant d’emblée ce joyau gothique qui, durant la Terreur, ne fut rien d’autre que l’anti-chambre de la mort. Comme dans la scène culte des miroirs de la Dame de Shangaï (Orson Welles), la Gabbia (la cage) de Michelangelo Pistoletto commence par verrouiller le visiteur -hémoglobine en moins- dans le piège des apparences.

Il convoque ainsi, dans le reflet, le petit univers carcéral de chacun. Une mise en bouche avant d’effeuiller ensuite toutes les formes d’enfermement : Caroline Bourgeois, commissaire de l’exposition et conservateur de la collection Pinault, a choisi près de 50 œuvres des années 70 à nos jours quasi-inédites– à l’exception de 5, elles n’ont jamais été vues en France ou jamais vues du tout- afin d’offrir le spectre le plus large et le plaisir de la découverte dans une scénographie peu encombrante.

L’exposition qui réunit 23 artistes, s’articule en deux temps : « l’enfermement réel, celui du monde et de ses turbulences » et l’isolement intime. Là encore, par un curieux effet de miroir, enfermement et isolement  définissent  leur corollaire : liberté et libération. La fin de l’exposition se termine par une autre pirouette. Avec « White elements », produite pour l’événement, les artistes belges Jos de Gruyter et Harald Thys annoncent, avec un humour distancié, la possibilité de tuer les fantômes. Rien n’est jamais perdu !

A Triple Tour, jusqu’au 6 janvier 2014. La Conciergerie, 2, boulevard du Palais 75001 Paris www.conciergerie.monuments-nationaux.fr

Hall of Whispers de Bill Viola, 1995. L’impossibilité de parler qui renvoie à l’enfermement universel
Invisible Sun de Julie Mehretu, 2012, face à Bourj II la sculpture de Mona Hatoum, 2011, le surpeuplement urbain face aux éternelles situations conflictuelles
Temps mort vidéo de Mohamed Bourouissa, 2010. Les communications intimes dans l’univers carcéral.
Caroline Bourgeois, commissaire de l’exposition en interview derrière l’un des protagonistes de Old Persons Home, de Sun Yuan & Peng Yu, 2007
Paradise de Tetsumi Kudo, 1979. Le traumatisme de la bombe atomique.
Last night you brought a man up to your room…une installation de Kristian Burdford, 2011. L’enfermement dans la maladie et la culpabilité
Don’t let the T-Rex Get the Children de Maria Marshall, 1999. L’enfermement littéral d’un enfant.
The Past is a Foreign Country de Friedrich Kunath 2011. Enfermé dans sa bulle.