A Triple Tour, la toute première présentation de la collection de François Pinault à Paris pose la question de l’enfermement. Un thème, circonscrit et abordable en résonance avec la Conciergerie, où se tient l’exposition. A suivre en images.
par Pauline Simons
On y entre par une pirouette, vrillant d’emblée ce joyau gothique qui, durant la Terreur, ne fut rien d’autre que l’anti-chambre de la mort. Comme dans la scène culte des miroirs de la Dame de Shangaï (Orson Welles), la Gabbia (la cage) de Michelangelo Pistoletto commence par verrouiller le visiteur -hémoglobine en moins- dans le piège des apparences.
Il convoque ainsi, dans le reflet, le petit univers carcéral de chacun. Une mise en bouche avant d’effeuiller ensuite toutes les formes d’enfermement : Caroline Bourgeois, commissaire de l’exposition et conservateur de la collection Pinault, a choisi près de 50 œuvres des années 70 à nos jours quasi-inédites– à l’exception de 5, elles n’ont jamais été vues en France ou jamais vues du tout- afin d’offrir le spectre le plus large et le plaisir de la découverte dans une scénographie peu encombrante.
L’exposition qui réunit 23 artistes, s’articule en deux temps : « l’enfermement réel, celui du monde et de ses turbulences » et l’isolement intime. Là encore, par un curieux effet de miroir, enfermement et isolement définissent leur corollaire : liberté et libération. La fin de l’exposition se termine par une autre pirouette. Avec « White elements », produite pour l’événement, les artistes belges Jos de Gruyter et Harald Thys annoncent, avec un humour distancié, la possibilité de tuer les fantômes. Rien n’est jamais perdu !
A Triple Tour, jusqu’au 6 janvier 2014. La Conciergerie, 2, boulevard du Palais 75001 Paris www.conciergerie.monuments-nationaux.fr