En se rendant à l’exposition consacrée aux meubles de Paul Evans et de Joseph Walsh à l’espace Tajan qui s’est achevée il y a quelques jours, on s’attendait à une sévère confrontation : entre deux générations de designers, entre le travail de deux matériaux que tout opposait, entre deux esthétiques singulières. Les oeuvres compactes sculptées dans le bronze ou bardées d’aplats de métal de Paul Evans, monstre sacré de l’Amérique de l’après-guerre auraient du croiser le fer avec les meubles liane de bois cintré imaginés par Joseph Walsh, jeune designer irlandais…
C’est lors d’une seconde lecture, que les similitudes, les parentés ont commencé à poindre. L’inimitable orfèvre ferronnier avait reculé les frontières du métal à coups de moulinets, d’éclats de soleil, de boucles, de stalagmites, d’aplats vibrants, Joseph Walsh transcendait aujourd’hui celles du bois de ses courbes voluptueuses. A différents égards, tous deux manient le baroque avec le souci d’une approche sculpturale. Ils savent aussi étirer un temps réservé aux pièces uniques et combiner, en un tourne-main, artisanat et technologie.
A sa manière, Joseph Walsh écrit la suite de l’histoire de Paul Evans. Affaire à suivre : sa dernière oeuvre, une table-bureau magistrale couvert d’un plateau de résine transparente a déjà repérée par l’un des grands musées parisiens.