Mardi 1er octobre, à l’Institut du Monde Arabe, le 6ème prix de la MAIF pour la sculpture était décerné à Président Vertut pour son projet Medio tutissimus ibis.
par Pauline Simons
C’est la moule géante de Président Vertut qui a séduit le jury du dernier prix de la MAIF. Don généreux et avisé de l’assureur, l’oeuvre sera tirée en bronze à deux exemplaires. Président Vertut, jeune artiste vivant en Suisse, érige ce mollusque sans cerveau, bouche ouverte, avec une élégance lisse qui évoque l’esthétique des régimes totalitaires. Contrairement à Marcel Broodthaers qui dressait plâtrées et bassines de moules tels des Ready Made à la Duchamp.
Seule sur un piédestal, tel « un refuge effrayant qui, à l’instar d’une plante carnivore, ne laisse d’autre choix que de rentrer dans son centre, allégorie d’une société qui exclue toute forme de défiance ou de marginalité », la bête, dans sa posture, éclaire des diktats d’une société qui nivelle à l’envi. D’ailleurs, le titre, obscur pour ceux qui parlent pas couramment le latin, semble être un raccourci de la pensée de l’artiste : Medio tutissimus ibis, citation tirée des Métamorphoses d’Ovide signifie (reste entre les deux) au milieu, tu sera en sûreté. Faut-il vraiment suivre les conseils que Hélios, le dieu du soleil, donnait à son fils Phaéton sous la plume du poète latin ? Quitte à se brûler les ailes ?